|
Introduction à |
Présentation Conférence Lonergan tenue à l’Institut de pastorale des Dominicains, à Montréal, le 3 mai 2014 Depuis quatre ans maintenant, le Centre culturel chrétien de Montréal organise de concert avec le « Réseau Lonergan » un colloque printanier proposant une réflexion sur une question de société sous l’éclairage de la pensée de Bernard Lonergan. Le 3 mai dernier, la question de départ était : L’Esprit peut-il rénover la politique? Les participants avaient reçu deux textes de Bernard Lonergan : « Créativité, guérison et histoire » et « La dialectique de l’autorité ». L’avant-midi était consacré à une analyse de ces deux textes. Kenneth Melchin, professeur d’éthique à la Faculté de théologie de l’Université Saint-Paul à Ottawa, a souligné que les notions de « créativité » et de « guérison » représentent pour Bernard Lonergan une traduction nouvelle des termes anciens « nature » et « grâce ». Si la créativité concerne l’éthique, la guérison appelle un supplément d’âme, puisque le mal (dans la conception de Lonergan) tient à la structure même de la conscience. Le professeur Melchin affirme donc que la politique a besoin de la religion. Le rôle des grandes religions est de nous aider à cultiver notre ouverture à l’expérience transformatrice de la transcendance.) Mais il ajoute qu’une recherche de la composante « guérison » dans la religion doit se faire dans une ouverture à de multiples traditions religieuses. Le théologien Pierre Robert, explorant le texte « Dialectique de l’autorité », a souligné que si l’autorité est le pouvoir légitime, si le pouvoir prend sa source dans la coopération, c’est-à-dire dans une communauté porteuse d’un monde médiatisé par la signification et motivé par les valeurs, ces significations et ces valeurs peuvent être authentiques ou non authentiques : le pouvoir est légitimé par l’authenticité. Le progrès est le fruit de l'authenticité dans la mesure où celle-ci réside dans la capacité d'affronter les questions, d'y apporter des réponses et de se conduire en conséquence. Aux catégories de progrès et de déclin, s'ajoute pour Lonergan celle de rédemption. Son principe est l'amour oblatif, l'amour qui se dépasse et se sacrifie, absorbant le mal et rendant du bien (self-sacrificing love). Cet amour s'installant au fond de la conscience peut réorienter son attention, ses compréhensions, ses jugements et ses décisions. Et ainsi remettre en marche la progression. L’institution porteuse de cette dimension de l’amour oblatif, apparentée à la notion de minorité créatrice chère à Arnold Toynbee, est exposée aux conflits entre l'organisationnel et le mystique, entre la lettre qui tue et l'Esprit qui vivifie. L’authenticité est un enjeu constant. L’après-midi était structuré autour de deux exposés qui actualisaient les textes proposés. Tom McAuley, ingénieur, ancien conseiller expert de la Commission mixte internationale Canada-États-Unis sur la gestion des eaux et de l’air, et qui poursuit maintenant des études doctorales en philosophie et en théologie, a abordé (sous le titre « L’histoire, l’Anthropocène et Bernard Lonergan ») la crise climatique actuelle et la nécessité impérieuse d’être attentifs, intelligents, rationnels et responsables devant le danger qui se manifeste dans les données observées par la science. Germain Derome, ancient professeur de philosophie au Collège Jean-de-Brébeuf, a abordé la question du jugement politique. Examinant l’approche pragmatique/empiriste d’Isaiah Berlin, et réfléchissant à des questions de méthode sous l’inspiration d’Aristote, Germain Derome a montré comment l’analyse de l’intentionnalité de Bernard Lonergan balise et favorise le développement humain nécessaire et comment la notion lonerganienne de « cosmopolis » cristallise l’dée d’une collaboration en vue de gérer l’enjeu fondamental du processus historique. Ce colloque était animé par Brian McDonough, professeur à l’Université Concordia et directeur de la pastorale sociale à l’archidiocèse de Montréal. Louis Lesage, journaliste, a présenté la conclusion de la journée. -Pierrot Lambert
|