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Gaston Raymond (1932-2016) |
Jean-Marc Gauthier, 5 février 2016 Gaston m'a beaucoup appris. En fait, il m'a appris ce qui est le plus important dans l'apprentissage; il m'a appris à apprendre en me montrant le chemin de la question vive. Il m'a appris à trouver des réponses en posant les bonnes questions. Il m'a surtout appris qu'au delà de toute bonne réponse, il y a toujours une nouvelle question, une vive question qui mène plus loin sur le chemin du savoir, de l'agir, de l'amour. Bien sûr, il me l'a particulièrement appris durant les 90 heures qu'il m'a donné, à moi et à d'autres, sur L'Insight de Bernard Lonergan. Sûrement le cours le plus important dans ma vie d'étudiant, que ce soit en philosophie ou en théologie. Je me rappellerai toujours ses propos lors de la dernière heure de ce cours, officiellement un cours en métaphysique: "Ce que nous avons fait dans ce cours, c'est de soupçonner l'existence d'un continent".- Quatre-vingt-dix heures pour soupçonner l'existence d'un continent; ça veut dire qu'il me restait toute la vie pour découvrir librement tous les continents du savoir, de l'amour et de la vie, à l'écoute de toutes les questions vives qui se présentent. Cinquante ans plus tard, quelques jours après le décès de Gaston, je suis toujours porté par toutes les questions vives auxquelles il m'a initié et je n'ai pas encore fait le tour de tous les continents. Encore du chemin à parcourir. À la suite de Gaston, je garde l'esprit en alerte. Il faut aussi dire que c'est Gaston qui m'a fait découvrir un autre continent, René Girard, qui a marqué ma vie pendant des années durant le temps d'un doctorat en théologie. Avec Gaston, Lonergan et Girard sont toujours là quand j'essaie d'approcher le mystère de Dieu en lien avec l'amour et la violence. Les questions vives ne manquent pas. Je dirais même qu'elles me poursuivent quand, de temps en temps, je prends de l'avance. Merci Gaston. Ton apport est inestimable, pour moi et bien d'autres |