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Gaston Raymond (1932-2016) |
Pierrot Lambert J’ai connu des moments d’enthousiasme au cours de mes études de philosophie au Collège universitaire dominicain d’Ottawa, notamment dans la classe du père Gaston Raymond. J’ai découvert avec lui La République de Platon et l’œuvre de Marshall McLuhan. Mais surtout, notre classe a traversé longuement l’œuvre majeure de Bernard Lonergan, Insight. A Study of Human Understanding. La pensée de Lonergan a toujours été présente dans ma vie après les 90 heures de visite guidée de ce grand livre. Notre guide nous avait montré, page après page, toute la pertinence des propos de Lonergan. J’ai appris de Gaston Raymond le professeur à aborder les grands textes en les soumettant, je dirais, à l’aune de la signifiance. Gaston se méfiait des mots qui impressionnent. Il ne s’arrêtait pas aux idées qui font la manchette. Il labourait. Il ouvrait des sillons en profondeur. Après mes études, j’ai rencontré Gaston à maintes reprises, pendant quatre décennies. Il m’a souvent fait part de ses découvertes, qui sont devenues les miennes par la suite (je pense notamment à l’œuvre de C.S. Lewis, de Ernest Becker, de Claude et Jacqueline Lagarde). Mais ce qui m’importait, c’était moins les enthousiasmes intellectuels de Gaston, que sa recherche de compréhensions nouvelles d’une société où tant d’idées reçues (entre autres sur la laïcité, le religieux, les sources de l’éthique) empêchaient de saisir les véritables enjeux. Contre vents et marées, Gaston ouvrait des pistes d’espérance, témoignant de la fertilité d’une motivation pastorale éclairée par une grande exigence intellectuelle. |