Notes de lecture

 

Cette page se veut une invitation à un échange. J’espère lancer une réflexion à plusieurs voix pour donner à ce site un caractère plus interactif. Merci de vos commentaires ou de vos propres notes de lecture.

Pierrot Lambert (pierrotlambert@bell.net).

Une méthode pour l’éthique de l’environnement

Dans un recueil de textes en éthique de l’environnement (Éthique de l’environnement. Nature, valeur, respect, Paris, Vrin, 2007), Hicham-Stéphane Afeissa, qui signe la préface, appelle à une nouvelle méthode.

Une nouvelle méthode est requise : en lieu et place de la méthode d’objectivation scientifique consistant à isoler et à individualiser spatialement l’objet traité, il faut privilégier une approche holiste, qui ne sépare pas les parties du tout, l’homme de la nature, le sujet de l’objet, qui travaille au contraire à mettre au jour une hiérarchie de systèmes emboîtés les uns dans les autres par niveaux d’intégration successifs (biocénose, biotope, écosystème, biosphère, etc.), chaque niveau représentant lui-même un emboîtement très complexe d’échelles de temps et d’espace; en lieu et place de l’approche moniste qui entend régler tous les problèmes susceptibles de se poser en se référant à un unique modèle d’interprétation, il faut apprendre à reconnaître la complexité des niveaux de réalité, l’irréductibilité des problèmes moraux que pose la diversité des sujets de considération morale, et donc privilégier une méthodologie pluraliste qui fait jouer, selon des procédures rigoureusement réglées, différents principes d’évaluation; en lieu et place d’une approche rationaliste qui se règle en toute confiance sur toute une série d’oppositions bipolaires traditionnelles ….

il convient, non pas de subvertir ces dualismes, mais d’en élucider la logique afin de saisir la racine commune de toutes les oppositions hiérarchiques qui structurent les relations de pouvoir (p. 11-12).

Afeissa* parle de la nécessité d’une méthode qui favorise une vision intégrale des niveaux de réalité

Il serait intéressant de faire un rapprochement entre la méthode empirique généralisée de Lonergan et l’approche dont parle Afeissa.

*Hicham-Stéphane Afeissa est professeur agrégé de philosophie, rattaché à l’Académie de Dijon. Il s’intéresse notamment à la phénoménologie husserlienne et à l’éthique environnementale anglo-américaine (renseignements tirés du site http://www.nonfiction.fr/fiche-perso-415-hicham_stephane_afeissa.htm, consulté le 21 mars 2009). Il doit publier un ouvrage sur l’écologie en 2009.

Une approche non matérialiste de l’esprit humain

Il faut saluer la parution du livre de Mario Beauregard et Denyse O’Leary, Du cerveau à Dieu. Plaidoyer d’un neuroscientifique pour l’existence de l’âme, Paris, Guy Trédaniel Éditeur, 2008 (une traduction (de Jocelin Morrison) en fait : l’original, The Spiritual Brain. A Neuroscientist’s Case for the Existence of the Soul, a paru en 2007 chez HarperCollins).

Je dois d’abord avouer que dans mon Introduction à Lonergan, j’ai mentionné (p. 70-71) les travaux de Mario Beauregard et de son équipe de l’Université de Montréal en commettant une erreur de perspective.

Je cherchais à montrer qu’une idée est abstraite. L’équipe de Mario Beauregard, qui avait soumis un groupe de Carmélites à la technique d’imagerie par résonance magnétique, n’allait certes pas visualiser l’objet de l’acte d’oraison des religieuses.

Ce qu’il fallait ajouter (et qui sera ajouté dans la traduction anglaise de mon livre), c’est un exposé du véritable objectif de ces recherches. Les auteurs de cet ouvrage l’exposent à la page 19 :

Notre livre va établir trois propositions clés. L’approche non matérialiste de l’esprit humain est une tradition riche et vivace qui rend bien mieux compte des observations que l’approche matérialiste, qui fait aujourd’hui du sur-place. En second lieu, les approches non-matérialistes de l’esprit engendrent des bienfaits pratiques et des traitements, de même que d’autres approches de phénomènes qui ne sont même pas pris en considération par l’approche matérialiste.

Enfin – et c’est peut-être l’aspect le plus important pour beaucoup de lecteurs – notre livre montre que lorsque les expériences spirituelles transforment les vies, l’explication la plus raisonnable et celle qui rend le mieux compte de toutes les données d’observation, est que les personnes qui vivent de telles expériences ont effectivement contacté une réalité extérieure à elles-mêmes, une réalité qui les a rapprochées de la véritable nature de l’univers.

Il faudra faire état dans ce site de plusieurs volets des travaux de Mario Beauregard. Nous y reviendrons.

Une vision « émergentiste » du monde

Il convient de signaler par ailleurs une conférence de William Matthews offerte sur le Web, Understanding Levels: Redefining Science in an Emergentist World View.

Citons simplement le premier paragraphe :

Une vision « émergentiste » du monde questionne notre notion de science et les types d’explication de notre univers que la science recherche. Elle discerne au départ différents niveaux de réalité émergents : le vivant qui émerge du non-vivant, le conscient du non-conscient, et, à l’intérieur du conscient, l’émergence distinctive de la dynamique créatrice de l’esprit et de la liberté de décider. Une explication scientifique des niveaux de réalité devra produire une analyse des propriétés et des activités qui se déploient aux différents niveaux, des mondes où ces propriétés et activités opèrent et des relations causales ascendantes et descendantes entre les niveaux. Tous ces volets s’intégrant dans une approche transdisciplinaire de l’être-personnel.

William Matthews, comme Mario Beauregard et Denyse O’Leary, s’attaque au réductionnisme et aux dogmes du matérialisme prévalent.

Matthews propose entre autres une réflexion sur la relation entre les niveaux de réalité, depuis les niveaux moléculaire, biologique-organique, sensoriel-imaginaire, jusqu’à ceux de l’insight et de la décision, en faisant appel à plusieurs théories récentes et à la notion d’émergence chez Lonergan.

Le goût de la philosophie

Le livre de Jean Laberge, En quête de sens (Montréal, Les Éditions logiques, 2008) aborde plusieurs « questions disputées » en présentant des positions contradictoires sur des sujets d’actualité, dans une série de courts chapitres qui font appel à de grands philosophes de manière inattendue.

Un de ces chapitres traite de la matérialité de l’esprit et renvoie à l’œuvre de John Searle.

Laberge, professeur au CEGEP du Vieux-Montréal, inscrit les propos des philosophes dans les enjeux quotidiens de notre société.

Lecture plurielle de la réalité

Un petit livre de Benoît Garceau : Le savoir et le sens. Pour une nouvelle entente entre la science, la pensée et la foi (Montréal, Bellarmin, 2004) présente trois lectures de l’Univers et de l’Homme (celles de la science, de la philosophie et de la foi).

L’auteur présente également « trois voies de la philosophie devant la crise de la raison » : le rationalisme critique, la critique de l’idéologie et l’herméneutique philosophique.

Soucieux de libérer l’espace de la conversation humaine des malentendus créés par l’oubli de l’intellect, il cherche à reformuler les rapports entre le savoir, le penser et le croire.

Cet ouvrage ouvre des perspectives stimulantes, à la hauteur de la culture philosophique de l’auteur.



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